Ronde 3 : Les Cocoripows.
Hommes Lezards / UW Morgh/ Woodies/ MV.
Rencontrer les Cocoripow c’est toujours quelque chose. C’est la combinaison de tout ce qui se fait de mieux en terme de palmarès : certains sont champions du monde en titre, d’autres champions du dernier europen voire les deux à la fois… un seul de leur joueur à plus de match en vis-à-vis que le cumul des joueurs de mon équipe.
Ce sont des monstres ou ce qu’on pourrait aisément qualifier de Légendes des terrains ! On s’était rencontré avec Relax à la CdV2 quand ils étaient à l’amical du push push et le résultat avait été sans appel ou presque …
Fébrile, je me lance dans la draft … c’est un affrontement en deux temps : 1/ réussir la draft 2/ tenir sur le terrain. Mais la draft revêt un caractère décisif si on veut entrevoir la lumière et accrocher le nul !
Après quelques minutes de discussions confuses le résultat tombe :
Woodies de Bibi vs DE de Relax / Les Morghworld de Sam vs les humains de Nabolo / Les Lézards de Karaak vs les Varagworld (VW) de Laerthis / Les Morts-Vivants de Bourpif vs Les Woodies de votre Humble Serviteur. Bon j’aurais préféré tomber contre les Lézards mais bon … MV c’est intéressant aussi, il faut faire contre mauvaise fortune bon vent.
Les matchs s’engagent, la tension est extrême, enfin surtout chez nous. Je pourrais vous narrer avec emphase cet affrontement titanesque, appuyer sur certains points de jeu sur et en dehors du terrain, disserter sur la vie et le karma, mais cela ne rendrait pas justice à cette ronde. J’aimerai plutôt me consacrer au joueur derrière le coach et surtout à l’humain derrière le joueur.
De manière très fair play mon adversaire s’enquiert de mon état de santé. Je ne vous l’ai pas dit, mais j’ai un très persistant problème d’assise qui peut me pourrir (un peu) la vie. Un coccyx hyperflex et pas assez déplacé qui me rend la position assise plus qu’inconfortable. Je compense par des génuflexions, un positionnement porté vers l’avant … il m’est même arrivé de jouer sur la table au hordbowl… Rien de grave hein mais tout de chiant…l’histoire de ma vie quoi.
Je trouve l’attention touchante, mais je me refuse à me laisser attendrir par tant de sollicitude, ca commence comme ça puis on finit copain comme cochon à boire des bières en porte-jartel et en parlant allemand...
Le match débute et très vite mon adversaire se rend compte que quelque chose cloche. Ses frappes font régulièrement mouches, mais les mouches n’attrapent pas de poisson… enfin vous voyez le truc quoi ! Non ? hum comment dire, à oui : mes elfes demeurent toujours à 10 ou plus sur le terrain … une horreur (pas vraiment) nécromantique.
Devant ce revers de fortune je sens que mon adversaire à les nerfs en plote… il peine à retenir son désespoir ! il sait et il le dit très vite : il va perdre ! Devant mon œil incrédule, il me le répète souvent. A posteriori c’est là que je me dis qu’il a une vision du jeu que je n’ai pas encore réussi à acquérir ! En quelques tours savoir qu’il va perdre ça ne m’arrive jamais… je me bats toujours avec l’énergie d’un sourd face aux signes pourtant si fort d’un destin capricieux ! Je blâme la chance, nuffle, j’espère, je tente, en un mot je m’échine voire je m’acharne à changer un destin pourtant inflexible… Qu’est-ce que je dois avoir l’air ridicule. Mon adversaire lui sait avec une certitude qui force le respect voire l’émerveillement que le match est plié !
A l’autre bout de la table c’est la même rengaine ! Karaak souffre et sent la fatalité s’abattre sur lui ! il sent que Laerthis va réussir son gfi dans l’enbut, il sent que ses lezards vont souffrir et se faire déferler ou alors ce sont les snots qui vont déferler… ha non ça Laerthis ne l’a pas fait …
Bref on joue contre de vrais Champions et c’est exactement pour ça que je joue à ce jeu, des Champions qui lisent avec une extraordinaire acuité le jeu et son évolution parfois même 10 tours en avance, moi qui galère à faire un plan de jeu sur deux tours …
Le match avance et rien ne semble pouvoir inverser la machine. Puis mon adversaire me dit quelque chose de terrible : « je sais ce que tu vas dire, parce que tout le monde me dit toujours ça : « blablabla le match d’avant j’ai trop pas eu de chance, bla bla bla… » ».
Je m’arrête quelques secondes. Je suis scotché, sidéré, abasourdi ! Mais putain comment il sait ce que je voulais dire ? je n’ai même pas esquissé le début du commencement d’un mot qu’il sait déjà ce que je vais dire ! c’est d’autant plus impressionnant que moi-même je ne savais pas que j’allais dire ça !
Et BIM dans ma gueule… puis je réalise une deuxième chose complètement folle : ce n’est pas la première fois qu’il subit une malchance aussi grande…. Vu ce qu’il dit, il en chie à chaque putain match et pourtant ses résultats sont exceptionnels. Ses adversaires se sentent obliger de justifier leur chance insolente … c’est dingue cette histoire. J’accuse le coup ! je suis confus, je ne sais plus quoi dire alors je souris maladroitement ou je souris mal, adroitement … comme quoi un espace peut tout changer...
A l’autre bout de la table Karaak s’est effondré. Il ne regarde même pas le jet de son adversaire qui va scorer avec sa relance et son gfi dans l’en-but …
Parallèlement mon adversaire m’explique qu’il ne joue même plus parce qu’il ne peut rien faire avec ses dés. Et c’est là que je me dis que je n’aurais pas dû lui acheter ses dés cocoripow vu qu’on peut rien faire avec
… je me tâte a lui demander un remboursement, mais peut-on commencer notre nouvelle relation, que je pressens fertile, par un aveu aussi décevant ? Je me dis que non.
Vous l’aurez compris chez nos adversaires c’est le moment déprime. Je tente une incursion molle sur son côté droit pour vérifier ses assertions et d’un coup d’un seul les mort vivant retrouve une certaine vigueur, comme un pretre dans une éco… non comme un franci… non plus, pour simplifier nous éviterons les métaphores et nous dirons qu'ils sont véloces les bougres !
Véloces en dépit de l’arrêt annoncé, du quasi abandon ! Mon adversaire, en dépit de circonstances adverses d’une extrême rareté garde ses réflexes intacts dans le but, et je le suppose car la pudeur lui aurait interdit de m’en parler, dans le but donc de rendre ma victoire pré-annoncée plus belle !
Mon œil se mouille un peu devant ce geste d’un altruisme rare. Je me dis que la classe ne se mesure pas toujours à l’aune du talent mais que quand les deux se retrouvent … c’est impressionnant.
Le match se poursuit et mon adversaire me donne des conseils de jeu, il partage sa vision, je me sens le légataire d’un héritage dont il semble vouloir se débarrasser. Je savoure, j’assiste au crépuscule d’un mythe et pourtant je sens, au fond de moi, un sentiment diffus mais bien présent : de la frustration ! J’ai envie de me lever, de crier, d’hurler… je lui demande, par pudeur, et parce que je sais qu’on se comprend bien maintenant, d’arrêter. C’est trop d’émotions pour moi, trop de symboles. Score final 1-0 …
A la fin du match j’ai besoin de 5 bonnes minutes tout seul pour évacuer tout ça. Je sors dehors, il pleuviote mais je m’en fou, j’ai besoin d’air pur … En revenant dans la salle Relax a tenu le nul contre les elfes, ce qui est marrant parce qu’a la deuxième édition de la vorace, nous avions fait exactement le même chose… une victoire et un nul... Nabolo lui a gagné et Laerthis qui a oublié de déferlé, prends l’eau ce qui semble contradictoire !
Bilan : victoire de ronde 2/1/1, nous filons donc pour un affrontement contre les Turones seule autre équipe à avoir 3 victoires de ronde. Mais par-delà le résultat ces matchs ont été riches en enseignements : j’ai mesuré le talent de l’ancienne génération. Comment progresser encore et toujours, mais surtout le plus important : Boupif est un bien meilleur prévisionniste que Karaak.
La journée s’achève sur cette belle victoire ! Il faut maintenant maintenir tout le monde mobilisé. Jouer les favoris « trop tot » dans une compétition peut avoir des conséquences dévastatrices ! mais qu’est ce que c’est bon ^^