Ashrame était fatigué, éreinté, crevé. Un an s’était écoulé depuis la dernière coupe des vices et leur éclatante victoire. Depuis tout s’était accéléré. Ses 5 compères et lui était devenu les coqueluches des nuits bretoniennes, les stars éphémères des fêtes du Duc. Puis le souvenir de la victoire s’était estompé, l’adrénaline ressentie s’était tarie progressivement, remplacée par une consommation excessive d’alcool et autres euphorisants.
L’œil torve, jauni par la soirée de la veille, le vieux coach contemplait, nostalgique, la photo des 5 coachs et demi lors de la remise de la coupe. Son doigt passait lentement sur le visage de ses partenaires, mais le temps d’une compétition, devenus légendes éternelles :
Obsidian leur capitaine, était l’incarnation du jeu elfique, toujours volontaire, posé, agressif, déconcertant, au vocabulaire toujours impeccable.
RelaxMax, considéré comme le plus talentueux de la bande, dont le jeu se déroulait toujours sans accroc,
Oscar Tilage son compère depuis toujours, au jeu épuré, sans fioriture mais terriblement efficace
F2C le remplaçant de choc… remplaçant … il avait plus que tout autre sa place dans l’équipe, mais avait choisi pour d’obscures raisons de se placer en retrait
Venait ensuite son visage rayonnant, il est jeune, son regard vif contrastait avec l’aspect délabré qu’il pouvait voir dans le miroir
et enfin … haaa comment s’appelait il déjà ? le grand là, le balaise … Bonnard ? Bobbar ? Gounard ? le nom lui échappait complètement. Ashrame fit mine de se concentrer, son crâne lui faisait mal. Il décida que cela n’avait en fait aucune importance !
9 mois qu’ils ne se s’étaient revus, après la fameuse soirée de l’ambassadeur... repenser à cette soirée et à la précarité de leur amitié « éternelle » le rendit morose.
BLAM BLAM BLAM …
Quelqu’un frappa doucement à la porte arrachant le coach à ses rêveries.
BLAM BLAM BLAM…
- Ashrame PUTAIN tu vas ouvrir cette porte ! je sais que t’es là râclure !
- Obsi ?
- Ouais ! ouvre moi putain je me les pèle dehors
La bouche encore pâteuse le coach nains se dirigea lentement vers la porte au son des "blam blam blam" discontinus… Obsidian pénétra rapidement dans le bureau.
- Elle est où putain ?
- Où quoi ?
- La coupe, la coupe des Vices !
- J’en sais rien putain …
- Bordel de merde tu sais quel jour on est ?
- Jeudi ? hasarda-t-il
- Hein ? Non! On est le jour de remise de la coupe aux instances dirigeantes ! Donc je te repose la question : où est cette putain de coupe ?"
Si "dans ton cul" est la réponse à laquelle pensa le coach il jugea préférable de ne pas la dire… « Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ? »
- Bah la dernière fois que je l’ai vu elle était dans tes mains … c’était y-a 9 mois, à la fête de l’ambassadeur
Ashrame se figea… Les réceptions de l'ambassadeur étaient réputées pour le bon goût du maître de maison. Un gout raffiné qui charmait toujours les invités. La soirée avait bien commencé, ils étaient arrivés ensemble brandissant bien haut la coupe des vices sous le regard charmé des convives. Le maitre d’hôtel leur avait proposé sa spécialité, un Rocher Sous Char, puis … plus rien, le trou noir.
- Heuuuu, c’est vrai que je ne l’ai pas revu depuis cette soirée …
- Moi non plus, mais si c’est pas moi qui l’ai et que tu me dis que tu ne l’as pas, qui l’a ?
- Ca serait pas relax ? Il a toujours cherché à tirer la couverture à lui, ça m’étonnerait pas qu’il l’ai carroté !
- Pas con, c’est vrai que Relax s’est vachement mis en avant … on va aller la chercher chez lui !
- On ?
- Ouais tu viens avec moi ! Pas de raison que je cherche tout seul …"
Et ils y allèrent …
"BLAM BLAM BLAM ! Relax !!!
- Oui ? Oh comment va la vie Obsi ? et t'as sorti tes armes Ashrame !
- Mes armes ? lacha Ashrame dépité
- On a un soucis mon vieux ! reprit obsi
- Qu’est ce qu’il y a Obsidian mon grand ? Faut être cool raoul, il ne faut pas se stresser rené comme ça ; tu vas te foutre le bide en l’air hubert de rien ! hi hi hi
- Mais t’es complètement stone ! T’as pris quoi ?
- Rien que du naturel gisèle! une salade de champi vivi
- Bon dis moi, est ce que tu aurais la coupe des vices ?
- La coupe des vicissssssssssssissitudes Gertrude? hohoho
- Laisse tombé obsi on n'en tirera rien, il n’est bon qu’à coacher une équipe des bois quand il est dans s’t’état là.
- Meuuuuuuuh non Paul-o-chon dis la vache !
- Oh putain se plaint Ashrame
- Bon tu l’as ou pas ?
- Désolé chloé, mais non de non de non gaston ! je n’ai qu’un vice clovis, et je l’ai gobé en salade, pas en coupe… ouh ouh ouh
- Bon ca suffit on se casse, Ash, tu prends Relax on va aller retrouver Oscar.
- Tu sais ou il est ? Il a pas donné de nouvelle depuis … cette soirée !
- Ouais, je sais.
Oscar Tilage était contrarié, très contrarié. La nuit passée avait été dure, très dure. En se réveillant dans sa chambre d’hôtel, il s’était rendu compte que sa vessie, plus aussi jeune qu’il ne l’aurait voulu, s’était relâché pendant la nuit souillant son pyjama et ses draps… Il savait pourtant qu’on ne devait jamais, oh grand jamais, fêter une victoire avant d’avoir disputer le match. Il avait lavé ce qu’il avait pu, c'est-à-dire lui, et était sorti précipitamment de sa chambre pour aller prendre son petit déjeuner. L’hôtel était miteux, le service déplorable. Il avait eu toute les peines du monde à trouver quelqu’un pour le renseigner. Une grosse femme en blouse blanche lui avait indiqué la direction du « réfectoire ». Décidément, cet endroit était indigne de son talent et de son statut. Il décida de regagner sa chambre, il prendrait son petit déjeuner dans une auberge près du stade car aujourd’hui était un grand jour : le jour de sa consécration ! Il porta la main à sa poche pour saisir les clés de sa chambre et se rendit compte qu’il n’en avait pas. Dans sa précipitation il était sorti en peignoir, il se sentit un peu honteux mais comprit maintenant pourquoi tout le monde le regardait étrangement. Il décida de poursuivre vers sa chambre intimement persuadé qu’il trouverait en chemin un membre du personnel qui pourrait lui ouvrir la porte. En arrivant devant sa chambre, qui soit dit en passant n’avait même plus de numéro, il se rendit compte qu’elle n’était pas fermée. Elle n’avait même pas de serrure! Cette découverte le conforta dans son idée qu’il était urgent de changer d’air. Alors qu’il allait entrer dans la pièce, un homme le héla.
- Oscar ?
- Oui ? répondit il presque trop rapidement. Mais où diable était il tombé ? Quel établissement employait ce genre de rustre qui vous appelait par votre prénom ?
- Vous avez de la visite !
- De la visite ? Vous êtes bien gentil mon p’tit mais je suis pressé ! J’ai une finale à jouer aujourd’hui … On m’attend !
- Une finale ?
- Oui une finale, vous savez c’est le dernier match d’une compétition, celui qui fait de vous une star, ou juste le second et comme aime à le dire un bon ami à moi : le second c’est un con ! ahahahhaha. Oscar Tilage s’esclaffait pour masquer son trouble. Le son de son rire ne lui paru pas naturel, mais il était nu sous son peignoir et cet homme beaucoup trop familier. Je joue la finale de la coupe des vices mon p’tit. LA plus prestigieuse des coupes par équipe et nous avons de grandes chances de la gagner !
- Vous voyez dit l’homme en se retournant vers ses visiteurs. Il est encore un peu confus. Ca peut prendre quelques minutes avant qu’il ne se reconnecte, ou pas… Comme on dit ici, il y a des bons jours et des mauvais jours, mais en ce moment les bons jours sont rares.
- ASH ! OBSI ! RELAX ! hurla oscar qui reconnaissait ses vieux compères. Vous pouvez dire à ce trou de balle de me laisser tranquille ? vous êtes venus pour la finale ? J’en ai pour trois minutes, je m’habille et on quitte ce bouge.
Ashrame n’en croyait pas ses yeux. Son ami était aux fraises, il avait disjoncté sévère et rien ne serait plus comme avant.
- Oscar, regarde moi ! Dit Ashrame. Tu dois te concentrer, on a besoin de toi
- Putain t’as une haleine de coyote mon salaud. Mais t’inquiète, j’ai toutes mes capacités cognitives, je vais la gagner cette finale !
- Ouais, je suis sur qu’on va la gagner , en fait on l’a déjà gagné vieux.
- Ahahah tu sais faut jamais vendre la peau de la loutre !
- De l’ours…
- Oui de l’ours, c’est tout pareil
- Mais on l’a gagné il y a un an, c’est pour ça qu’on vient te voir.
Les paroles de son plus vieil ami sonnaient vraies, trop vraies
- Meuhh …
Il vit Ashrame secouer la tête. Son regard était triste, tellement triste… il se senti partir, tomber. Il n’arrivait plus à bredouiller le moindre mot… et soudain tout lui revint. Sa victoire, sa joie, puis sa chute, progressive dans la maladie, son internement…
- Merde lacha-t-il. Ca fait combien de temps que je suis ici ?
- 4 mois, lui répondit obsi
- 4 mois ? putain… et vous passez seulement maintenant ?
- Bonjour ami tilage
- Salut relax
- Oh t’es parti au bois Geoffroi ou à la piscine martine?
- Hein ?
- T’as l’regard hagard Oscar
- Ferme-la bordel
- Hey t’es maboule raoul ! alors reste cool
- C’est bon relax intervint Ashrame, on n'a pas besoin de tes commentaires. Oscar est-ce que tu te souviens de ce qu’on a fait de la coupe ?
Le (trop) vieux coach se massa les tempes.
- La coupe… la coupe… la coupe.
- Oui la coupe !
- Non ça me dit rien, j’ai le cerveau en gruyère…
- On perd notre temps, on s’tire ! Lâcha obsi.
- Je viens avec vous ! tenta Oscar, son ton proche de la supplique produisit son effet :aucun de ses anciens coéquipier n’oserait l’éconduire.
- Va t’habiller on t’attend dehors ! hasarda Ashrame
- Nan nan nan vous allez vous barrer ! Je suis peut être diminué, mais je ne suis pas devenu simplet, je ne vous quitte plus !
- Aligot hugo !
- T’es super lourd relax !
- Ouais un max !
- Bon qu’est ce qu’on fait maintenant ? demanda obsi
- On cherche F2C !
- Pourquoi lui ?
Ashrame n’osa pas répondre « parce que c’est le seul nom dont je me souviens », il prit un air inspiré : "Il a toujours été notre back up, le dernier rempart, celui sur qui on pouvait compter ! Il doit l’avoir récupérée ! Je le sais, je le sens.
- Tu sais ou il est ?
- Heu non… Oscar ?
- Il est pas au stade ?
- Oh putain …
- Relax ?
- Il est tout caché l’F2C, c’est un vil faquin valentin !
- Bon je retire ce que j’ai dit , on a qu’a aller chercher Plumard !
- Gunnar ?
- Ouais c’est ça ! dans mes souvenirs c’était pas l’genre de gars à bouger des masses
- Pourtant il en soulève souvent
- De quoi ?
- Des masses…
- Super…
Gunnar avait enchainé les merdes depuis sa victoire en Coupe des Vices. Il avait tenté de lancer une franchise d’entrainement en 7 minutes par heure pour faire gonfler ses pecs et son espérance de vie mais oubliant de déposer un brevet il avait été copié très vite, trop vite, par des coaches concurrents offrant 8 minutes pour le prix de 7… une véritable révolution dans le microcosme de l’entrainement bloodbowlien. Sa franchise avait logiquement périclité le forçant à revenir sur les terrains de blood bowl en tant que coach. Mais si le cœur était encore là, ses stratégies parfois trop … binaires (frapper, avancer, frapper, avancer) l’avaient conduit dans une impasse, son impasse, dans laquelle il s’était installé. Depuis il avait pris un petit boulot de ferrailleur-menuisier qui l’occupait à plein temps. Il rêvait en secret de retourner dans les stades, de revivre l’euphorie de la victoire d’une compétition majeure aussi accueillit-il ses anciens compagnons avec satisfaction.
- Hein con, vous voila enfin !
- Salut Goummar répondit Ashrame
- Salut Gunnar. dit obsi
- Dans l’cul GUGU ! renchérit Relaxmax
- Hop ! se contenta Oscar.
- Jvous attendé con, Vous v’nez pour l’coupe des Vices ?
- OUAIS ! comment tu sais ça ? repondit Ashrame
- Bein c’est la date, con. Ca fé bein un an !
- Ha … en fait on vient pour voir si c’est toi qu’à la coupe ?
- La coupe des Vices ?
- Oui, on doit la remettre en jeu, et on ne remet pas la main dessus lâcha Obsidian
- Hé bin on é pas dans la merde, con.
- Comme tu dis, j’en conclus que tu l’as pas ?
- Nan mé je peux peut être nous sortir de la merde !
- Comment ça ?
- Vieng dans mon bureau, con.
Les 4 coaches lui emboitèrent le pas. Ashrame trouvait que son « bureau » ressemblait curieusement à une déchèterie.
- Pas ça…. Pas ça …
- Nan mais t’embête pas, si tu l’as pas on va pas t’embêter longtemps.
- Pas ça… àaaaaahhh la voila ! Tieng, con.
- Qu’est ce que c’est ?
- La coupe des vis !