Les personnages son fictifs et toute ressemblance avec une histoire de l'euro est complètement fait exprès.
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"On y est" pense Zerekiel le pourfendeur quand le dôme de bois s'ouvre sur le stade viking. On est chez les nordiques et on va jouer notre premier match. C'est la porte d'entrée pour la gloire. Ça fait plusieurs mois qu'on s’entraîne. Les heures passées devant les rouleaux à chaînes et les milliers de pas de courses autour du stade de Khain sont maintenant autant de réflexes et d'automatismes imprimés à jamais dans ses muscles.
Zerekiel n'a pas peur. Ses bottes cloutées crissent sur le gazon à peine dégivré lorsqu'il rentre sur le stade. Comme ses coéquipiers il ajuste ses gants. Il s'assure aussi que les pointes de ses épaulettes sont bien acérées. Autant celles de l'intérieur que celles de l'extérieur. Les enfants de Naggaroth ne peuvent pas être vicieux sur le terrain si ils ne souffrent pas un peu aussi.
La stratégie du coach est simple. Ce sont les orcs qui engagent. Le but c est de rester au complet pendant la première mi-temps. Faire augmenter la frustration des peaux vertes le plus possible. Et attaquer la balle quand ils ne sauront plus qu'ils jouent à Bloodbowl.
Toute l'équipe connait les schémas tactiques correspondants. Zerekiel esquive et va libérer ses coéquipiers quand c'est nécessaire. Les orcs sont concentrés et progressent sans perdre leur sang froid malgré les cabrioles elfiques et le trash talking.
Un des orcs s est infiltré dans la moitié.
"Zerekiel, Erindel c est pour vous !" hurle le coach. Ni une ni deux les deux blitzers s'élancent. L'espace autour de l'orc est immédiatement saturé d'épines. A droite un genou à pointe, à gauche une épaule cloutée, au dessus des coudes acérés. Bien plus qu'il n en faut pour mettre à terre l'importun.
Mais les orcs profitent de l'espace créé par cette diversion pour envoyer Roshbarg leur blitzer star au fond du terrain des elfes.
Un autre orc s'est infiltré et le troll a la main posée sur la tête de Giguilette le gobelin. On ne sait pas encore si le regard torve du troll est une envie de gagner ou une envie de manger.
L'arbitre regarde sa montre car la fin de la mi-temps approche. Tandis que le coach elfe noir fait calmement un signe avec ses mains. Les trois doigts de la main gauche en l'air et le pouce droit vers le bas.
"C'est parti pour la souffrance" pense Zerekiel. Un sourire carnassier se dessine derrière son heaume complet.
Les elfes se déplacent vivement. Qui a droite sur un orc noir un peu inattentif. Qui à gauche sur le troll. Grigida virevolte en direction de la masse de muscle et de morve. Effectuant une rotation peu conventionnelle elle plante son talon dans le menton du troll ce qui n'a pas tout a fait l'effet escompté. Au lieu d'être déstabilisé, ce dernier l'attrape par la jambe. Surprise, mais profitant tout de même de cet appui Grigida utilise son autre jambe pour asséner un violent coup de talon derrière la nuque du monstre qui s'affale de tout son long. Cette rapide rixe terminée la furie retourne en courant derrière les autres orcs qui s'avancent maintenant plus dangereusement de l'en-but. Aidés en cela par de violent tacles dans le dos des plus jeunes elfes.
La balle vole au dessus de Zerekiel, comme au ralenti, il la voit passer, analyse sa trajectoire, mais il lui est impossible de l'attraper car ses jambes et ses bras sont pris dans l'étau implacable d'un orc noir au regard furieux. L’enchevêtrement de métal de ses pointes elfiques et des pointes grossières de l'orc le font souffrir. Il sait que c'est pour ça qu'il fait ce "sport". La souffrance et le plaisir s’interrompent brusquement quand l'arbitre siffle. Zerekiel tombe au sol, se retourne pour voir Roshbarg faire ce qui pourrait être interprété comme une danse de victoire ou comme une insulte grossière en fonction de la sensibilité de l'observateur.
Le match reprend. Zerekiel voit arriver la balle pas très loin de lui, cours la ramasser et observe le reste de l'équipe mettre à mal les peaux vertes. Après quelques dents cassées une voie s'ouvre à travers les corps endoloris de l'équipe orc. Mais le coach fait signe de ne pas s'engouffrer maintenant. Ce qui laisse le temps aux orcs de retrouver leurs esprits. Ainsi la mêlée s'intensifie au centre. Impossible de résister longtemps aux coups furieux de ces montagnes vertes. Erindel, la deuxième star de l'équipe elfe tente de partir sur l'aile droite pour former un groupe de protection, mais Roshbarg l'en empêche d'un coup de genou dans le dos et s'assure qu'il ne réitère pas sa tentative en appuyant de toute sa masse sur la tête du malheureux.
De l'autre coté c'est Grigida qui arrive à sortir de la mêlée et appelle les autres. Zerekiel se précipite derrière elle suivi par Gina. le passage est étroit car déjà les orcs ont compris la manœuvre et au lieu de voir Zender fermer la marche c'est un orc que Zerekiel voit et évite de justesse pour se retrouver en face du poings fermé et déterminé d'un autre orc. L'entrainement paye et il ne tombe pas malgré l'impacte violent. Mais l'espace est restreint et il est dos au public qui déjà scande son nom pour l'inciter à les rejoindre.
Des bras et des griffes tendues depuis les tribunes font crisser son armure. Une inspiration et Zerekiel projette toute sa masse en avant, protégeant le cuir sous son torse. Zender est arrivé et a attraper une jambe de l'orc, ce qui facilite la tache de Zerekiel. L'orc tombe de toute sa masse et Zerekiel s'échappe. Il court le plus vite possible en direction de l'en but. Le chemin semble dégagé, mais les râles des orcs sont clairement audibles. Erindel cours également vers l'en but à quelques coudées de là. A peine le temps de tourner la tête pour estimer la distance qui les sépare et déja un quintal de muscles verts, de métal et de bave s'abat sur Zerekiel. Une feinte classique aurait du lui permettre d'échapper à cette étreinte, mais l'espace autour est saturé d'orc et sa hanche bute sur un casque sanglant. Les lois de la physique faisant le reste, l'onde de choc traverse son corps, la balle virevolte, et Zerekiel se retrouve le nez dans le gazon pieds et poings rapidement bloqués. Il oublie la perte de la balle pour savourer ce plaisir et profiter du moment de souffrance. Il aperçoit la balle rebondir au sol. Une fois vers la droite, deux fois, puis une troisième fois dans la direction opposée juste dans les bras de Roshbarg. Il voit Grigida s'aprocher du cuir mais aussi un énorme torse bardé de métal s'interposer.
Au sol, Zerekiel saturé de souffrance et de plaisirs vicieux distingue le coup de sifflet final. Le soleil brille derrière la main cloutée de l'orc qui brandit fièrement la balle en hurlant.